mardi 27 août 2013

Plus de 16 mois de vie à Madagasikara...

Les articles se sont plus espacés mais l'aventure continue à Mada avec une vie toujours aussi remplie!

Ma mission se poursuit toujours aussi bien. Elle a pris une toute autre dimension après plus d'un an sur le terrain! J'ai pris mes marques, une réelle relation de confiance s'est installée avec les partenaires et les animateurs sociaux. On est rentré dans le vif du sujet de l'Accompagnement Familial!
L'apprentissage est davantage concret avec une formation qui se poursuit de façon individuelle et collective avec les Mises En Réseau (MER). Je vois vraiment les animateurs sociaux évoluer dans leur pratique, se poser des questions, cheminer. Ils ont envie d'apprendre, de progresser. 
Bien souvent, je n'avais pas imaginé que l'on pouvait arriver à un tel niveau de réflexion! Les thématiques que nous avons déjà abordées sont la définition de l'Accompagnement Familial et des mots comme assistanat et autonomie, la responsabilité parentale, les techniques et attitudes professionnelles, les critères de vulnérabilité d'un enfant victime de pauvreté...
Juillet est la fin d'une année scolaire avec les enfants et d'accompagnement de leurs familles. Les mois d'août et septembre sont donc souvent une période de vacances pour les partenaires. Mais, aussi, une période d'activités, colonie avec les enfants ou de formation entre professionnels.
Ces deux mois vont donc être plus calmes pour moi concernant le travail sur le terrain avec les partenaires. Mais, je vais en profiter pour me poser au bureau, poursuivre les recherches, améliorer mes outils de travail, en créer de nouveaux...

Vous l'avez compris, je vais bien. Je me sens à l'aise, dans mon élément et surtout j'apprends chaque jour énormément ; Quelle richesse de vie!
Depuis tant de mois, vous vous en doutez, j'ai beaucoup de choses à vous raconter!
Pour cette fois, j'avais envie de vous partager un article que j'ai commencé à écrire tout au début de mon arrivée à Madagascar. 
Je voulais vous partager mon regard posé sur cette ville appelée Antananarivo, Tana :


Tana, la ville de toutes les extrêmes...

Tana avec sa misère qui se perçoit, se sent, se voit dans les rues, sur les trottoirs, sur les murs, au fond du regard de ses habitants...
Quartier Mananjara

Tana avec ces gros 4X4 bien brillants et luxueux, croisant des charrettes tirées par des zébus ou par des hommes avec de gros chargements, ou des voitures très anciennes comme les Taxis que l'on ne croyait plus exister, en fin de courses mais qui roulent en désespoir de cause...


Tana avec ces buildings tous neufs qui t'amènent à te dire est-ce que je suis réellement à Mada? à côté de petites cahutes faites de bois, de carton, de plastique, de briques représentant le foyer d'une famille bien souvent nombreuse...

Quartier 67 Hectares

Tana et ses enfants dans la rue qui sont souvent seuls, sales, qui te regardent, te tendent la main pour te dire "vola" (argent) à toi le "vahza" (l'étranger) et là toutes sortes de sentiments te traversent...

Tana avec ses multiples couleurs au niveau des vêtements, des façades publicitaires, des voitures, des visages qui mettent en évidence un métissage très varié allant du malgache asiatique à celui d'africain où le sourire est souvent présent sur leur visage...

Tana et ses odeurs, ses ordures qui en disent beaucoup, se confondent et se mélangent avec mon parfum, "La vie est belle" de Lancôme...

Quartier Mananjara

Tana et ses Taxi Be (bus), mode de transport en commun que la majorité des habitants prennent. 
C'est une réelle aventure de le pratiquer au quotidien où le mouvement de la vie de cette ville se perçoit sans aucun doute... 
Tout s'articule au moment de chaque arrêt où là, le jeu du siège musical se met en scène géré par un Receveur. Il est important de s'adapter, de se plier, d'être souple, de pousser et de ne pas hésiter à s'asseoir là où on vous le demande car ne vous inquiétez pas, cela va passer! Mais, oui, ça passe sauf qu'il faut jouer d'astuces sur la façon de s'asseoir, au bout ou au fond du siège, du côté droit ou gauche. 
C'est là que votre morphologie vous revient en tête, avec votre 1m73, vos grandes jambes, vos hanches et vos épaules bien dessinées...

Tana et sa circulation continuellement embouteillée et polluée mais quelquefois, la luminosité et ses couchers de soleil nous font découvrir un paysage extraordinaire...

Coucher de soleil chez nous, dans notre quartier, Alarobia

Tana et son marché géant où tu vas trouver de tout, n'importe où, à tous les coins de rue, même des choses que tu n'avais pas imaginé! Du neuf, de l'occasion, aux choses en mauvais état mais en tout cas, tout est utile, se resserre et a une deuxième vie. Il existe même le marché aux ordures! C'est également une ville où tu peux faire de bonnes affaires aux fripes, t'acheter une brosse à dent sur le bord de la rue, un balai multicolore, une multiprise, un cahier, des cacahuètes, des enveloppes, des bananes.... Il existe même des pas de porte prénommé :

Au centre ville, à Analakely

Je ne peux que vous dire que quand j'ai débarqué dans cette ville, j'ai été choquée, surprise, touchée, bousculée... Il y a eu beaucoup de moments où cette ville m'agressait, me faisait mal.
J'ai mis du temps à m'adapter et il y a encore des images que je ne peux pas accepter.
Mais, je pense que cette pauvreté me renvoyait des choses à moi, dans ma carcasse de blanche, au très fond de ma sensibilité...
Aujourd'hui, avec du recul, je pense que je pose un autre regard sur Tana car je commence à la connaître et à presque l'apprécier à certains moments. J'aime beaucoup m'y balader le dimanche. L'ambiance est plus calme, les habitants vont à la messe, se retrouvent en famille et les Taxi Be sont moins encombrés!

Toutefois, je pense que dans la Pauvreté, on y trouve de la Richesse. Je me dis souvent que j'ai beaucoup de chance d'accompagner les animateurs sociaux sur le terrain, dans ces bas quartiers, sans eux et sans Faniry, traductrice-interprète à Asmae, je n'y serais jamais allée.
Et, à chaque fois, nous avons toujours été accueillis avec le sourire dans ces nombreuses petites habitations où bien souvent, on me laissait la plus belle chaise. Quel accueil! Ces personnes sont contentes qu'on leur rende visite et que l'on vienne partager leur quotidien. 

Marie, petite dame, tenant un petit commerce à 67 Hectares avec qui j'ai sympathisé

Je sais que ce texte sur Tana est très fort mais c'est la réalité du peuple malgache! 
J'ai mis du temps à l'éditer car je pense que j'avais besoin de digérer ces images et que mon regard évolue. 

Madagascar est un pays sous-développé en crise depuis 2009. Une crise à la fois politique et économique qui paupérise d'année en année le pays et qui fait souffrir son peuple. La chanson de Tiken Jah Fakoly, "Mon pays va mal", chanteur de reggae de Côte d'Ivoire, me vient souvent en tête...
Mais malgré tout, la vie continue à Madagascar. Ces habitants se mettent en mouvement chaque jour, se lèvent tôt pour aller gagner de l'argent pour nourrir leur famille. Quand je traverse ces bas quartiers, j'ai l'impression d'être dans une fourmilière, tellement ça bouge!
Et, quelle résistance dans le temps et résilience dans la difficulté, l'effort. Quel peuple pacifique face à ces injustices mais jusqu'à quand ce pays va continuer à se dégrader devant nos yeux?
Actuellement, le président actuel, Andry RAJOELINA, est de transition et a accédé au pouvoir suite à un coup d'état en 2009. En attendant, les élections n'ont toujours pas eu lieu. Elles étaient prévues pour fin juillet sauf, que certaines candidatures étaient considérées illégales et ont été dernièrement rejetées par la Commission Internationale. Bref, je vous avoue que c'est compliqué et j'ai souvent du mal à suivre! Ces évènements politiques peuvent avoir tout de même des répercussions sur notre sécurité. Du coup, on fait très attention, on suit bien le indications du Consulat de France et on s'adapte! Mais, ne vous inquiétez pas, ces règles de conduite font partie de la vie d'un expatrié à l'étranger lorsque le gouvernement est instable!

J'aurais encore beaucoup de choses à vous raconter mais la suite des aventures sera dans un prochain épisode. En attendant, je vais tout de même vous donner des nouvelles en vrac :

- Ma colocataire, Marine, revient à Madagascar ce dimanche 1er septembre après 6 semaines de vacances en France!
- Aline et Arnaud, mes amis de Besançon sont bien venus me rendre visite du 28 juin au 19 juillet. Nous avons vécu des moments forts de partage et d'émotions! Et, nous avons eu la chance de voyager ensemble début juillet dans l'ouest de l'île!
- Mes parents arriveront le 23 octobre pour 3 semaines et nous avons prévu d'aller voyager dans le nord de l'île! J'ai hâte de les accueillir chez moi à Madagasikara...


Avec Aline, un soir de juillet, en bivouac, sur les bords de la Tsiribihina...

3 commentaires:

  1. Cela fait très plaisir de te lire en te sentant aussi bien. La dernière photo avec Aline (entre autres évidemment ) est magnifique. Je te souhaite que cette sensation de liberté et de légèreté consciente continue à t'habiter chaque jour. Prends soin de toi assurément.

    Nathalie

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  2. Très bel article la miss !!! Ils sont rares mais de qualité !
    Tana n'en finit pas de nous inspirer, pour le meilleur et pour le pire.
    Seb à Mada

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  3. C'est un réel plaisir de te lire, ça me toujours autant voyager, j'attends le prochain article avec impatience.
    Merci
    Julie A.

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